Une ferme aquaponique va bientôt voir le jour
C’est un projet innovant qui est train de se mettre en place sur le site de l’Esat (établissement et service d’aide par le travail) de Beauchastel. L’établissement, qui fait travailler 140 travailleurs handicapés dans plusieurs ateliers (sous-traitance industrielle, espaces verts, atelier bois…), va voir pousser sur son site d’ici la fin de l’année une ferme aquaponique. Qu’est-ce que c’est ? Cette technique ancestrale, un temps oublié, combine l’aquaculture (élevage de poisson) et l’hydroponie (culture des plantes dans l’eau). Des bassins remplis d’eau et de poissons sont reliés à des bacs de culture. Par un système de pompe, l’eau chargée des déjections des bêtes à écailles — devenues des matières organiques sous l’action des bactéries — est acheminée vers les plantes. Les végétaux s’en nourrissent et rejettent de l’eau propre et oxygénée. Cela s’appelle l’économie circulaire !
Premier site pilote en France
Cette méthode de culture innovante, déjà utilisée au Canada, aux États-Unis, en Chine, ou en Australie, n’en est qu’au stade de l’étude en France portée par le lycée agricole de la Canourgue (48) et le Cirad (centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) à Montpellier. Le premier site pilote va être créé à Beauchastel par Abder Abbaz. Ce Loriolais, formé en finance et gestion, a travaillé dans l’économie sociale et solidaire à l’Esat de Beauchastel et en créant en Drôme-Ardèche l’école de la 2e chance. Sa volonté est de faire travailler les travailleurs handicapés des Esat, particulièrement affectés par la crise économique et financière depuis 2008. Il s’est associé à deux ingénieurs, Hugo Lavarenne (ingénieur en génie biologique) et Peter Rappoldt (ingénieur aquaculture), pour monter cette ferme qui devra produire 5 tonnes de truites « Arc-en-ciel » bio par an et 500 kilos de spiruline. La spiruline est une algue très convoitée utilisée dans l’industrie alimentaire humaine et animale, dans l’industrie cosmétique et pharmaceutique. Or, on produit seulement 50 tonnes de spiruline actuellement en France, alors que le marché français est de 500 tonnes.
Lauréat d’Alter’Incub Rhône-Alpes
Alors que l’étude de marché de cette ferme aquaponique vient de se terminer, le projet, baptisé « Aquaponie Valley » a été lauréat d’Alter’Incub Rhône-Alpes pour sa partie « innovation économie sociale et solidaire », et lauréat de la première bourse french Tech de la BPI France pour son « innovation technologique ». Le projet était présenté ce vendredi 22 mai aux élus de Beauchastel, à des élus de la Région (dont Olivier Keller), à la députée européenne Michèle Rivasi, aux responsables de la Croix-Rouge (association qui gère l’Esat de Beauchastel), à un représentant du Département. Le business plan doit être bouclé d’ici mi-juin et une société coopérative d’intérêt collectif pourrait être créée. Le site, géré par la Croix-Rouge, pourrait employer entre 10 et 20 personnes dans un premier temps. Et le projet ne demande qu’à monter en puissance selon Abder Abbaz : « On veut devenir un pôle de compétence en aquaponie en ayant un centre de recherche et développement ici ».
Estelle Prat
Source: http://www.hebdo-ardeche.fr/blog/2014/06/07/une-ferme-aquaponique-va-voir%C2%ACle-jour/