[EPINGLE] La FAQ du maraîchage en aquaponie

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    • #3956
      PierreH
      Maître des clés

      Bonjour à tous,

      Laurent et moi prenons l’initiative de regrouper ici les questions les plus souvent posées lors de l’installation en maraîchage en aquaponie. Nos réponses seront sans doute amenées à évoluer avec le temps, rien n’est figé et nous éditerons à mesure que nous aurons de nouveaux éléments de réponse. N’hésitez pas à venir enrichir ce sujet en apportant vos connaissances, questions et réponses.

      Question 1 : A-t-on besoin d’une formation ou d’un diplôme pour exercer cette activité?

      Pour exercer l’activité (agricole), il faut un chef d’exploitation disposant de la Capacité Agricole, qui correspond à certains diplômes http://daaf.reunion.agriculture.gouv.fr/La-capacite-professionnelle,104 (c’est à la Réunion mais c’est pareil ailleurs), et avoir effectué un PPP (Plan de Professionnalisation Personnalisé, à voir avec la Chambre d’Agriculture http://www.chambres-agriculture.fr/chambres-dagriculture/nous-connaitre/lannuaire-des-chambres-dagriculture/ile-de-france pour la région parisienne). Une fois cela fait, se rapprocher du Centre de Formalité des Entreprises (en général dans la Chambre d’Agriculture) pour l’inscription au Registre du Commerce, affiliation auprès des impôts et de la MSA.

      Question 2 : De quelle type d’autorisations administratives aurons-nous besoin avant de débuter l’activité ?

      Permis de construire pour les bâtiments, recours à un architecte non obligatoire sauf en agriculture urbaine, obligatoire au-delà de 2000m² ou 4m de hauteur au faîtage, Autorisation d’exploiter à obtenir auprès de la DDTM du département, Déclaration au titre de la police de l’eau (DDTM également, ça dépend des volumes d’eau prélevés et rejetés par l’exploitation.

      Si plus de 5 tonnes de production aquacole annuelle, on entre dans la catégorie des ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement), il y à des déclarations spécifiques (Préfecture).

      Pour les ICPE (Installations classées pour la Protection de l’environnement), pas besoin de demande d’autorisation si moins de 20 tonnes produites par an en aquaculture d’eau douce (N°2130 de la nomenclature Nomenclature des ICPE . Il s’agit d’une simple déclaration en préfecture, il faut évidemment garder une trace des entrées et sorties d’animaux, et mettre en place une organisation conforme aux bonne pratiques d’élevage. Au-delà de 20 tonnes, il faut monter un dossier de demande d’autorisation au titre des ICPE (très très compliqué et long mais presque obligatoire de faire intervenir un cabinet extérieur). Pour la commercialisation du poisson, il y a aussi des règles. Agrément sanitaire européen ou régime dérogatoire en fonction des quantités mises sur le marché et de la distance par rapport à l’exploitation. Doit aussi faire l’objet d’une attention particulière, se mettre en rapport avec la Direction Départementale pour la Protection des Populations (DDPP).

      Question 3 : Peut-on commercialiser le poisson ? Faut-il une autorisation spéciale

      Concernant la commercialisation du poisson, notre réponse n’est pas totalement complète mais la règle générale est qu’il faut obtenir un agrément sanitaire européen par le biais de la DDPP (anciennement DDASS), il y à des formulaires à remplir, présenter un plan des installations dans lesquelles les produits seront traités, en indiquant les matières utilisées pour les tables, mur, sols, etc (facile à nettoyer et désinfecter).

      Toutefois, il existe un régime dérogatoire qui concerne la vente directe sur site aux particuliers, et la vente de moins de 250Kg par semaine à des professionnels dans un rayon de 80Km, à condition que ça représente moins de 30% de la production totale (donc il faut produire au moins 750Kg dans l’année et en vendre 500Kg aux particuliers). Si c’est plus de 30% du total, la limite est de 100Kg par semaine, dans ce cas on peut produire et vendre aux professionnels jusqu’à 5.200Kg par an, la vente aux particuliers venant en plus. Le texte est là Texte de loi

      Dans le cas de dérogation à l’agrément sanitaire, il faut tout de même pouvoir justifier qu’on travaille selon les « bonnes pratiques d’hygiène » et que des précautions sont prises pour la préservation des produits (température, surfaces faciles à laver et désinfecter,..) mais la procédure est allégée. La plupart des fermes aquaponiques devraient pouvoir profiter du régime dérogatoire.

      Après, chacun fait ce qu’il veut tant qu’il n’a pas un contrôle ou une plainte pour intoxication… Ce que nous ne conseillons pas, cela va sans dire.

      Laurent et Pierre

      • Ce sujet a été modifié le il y a 6 années et 9 mois par PierreH.
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    • #4290
      Joachim
      Participant

      Bonjour,

       

      J’aurais quelques questions d’ordre technique, qui sont crucial si on ne veut pas se lancer au hasard et regretter après:

      1) A partir de quel surface peut-on en vivre pour une personne (m² de l’infrastructure, ou m² exploité en légume + m³ de bassin à poisson/nb ou kg de poisson, bref des chiffres)? Je pose cette question car je ne trouve aucune info concernant les rendements d’une installation aquaponique, qui est une info importante pour avoir une idée de ce dans quoi on se lance…

       

      2) Peut-on se lancer dans un projet seul? (bien sûr avec une installation à l’échelle d’une personne, rapport à la première question). Je m’explique: si la charge de travail est saisonnière, il y aura un moment de l’année où une personne ne suffira pas alors qu’a un autre moment elle aura peut-être du mal « à s’occuper » (je force le trait), ce qui peut rendre les choses compliquées financièrement.

       

      3) Si oui, que représente la charge de travail par rapport à un autre métier? C’est pas que je sois fainéant, mais (pour donner un exemple) on ne se lance pas dans une boulangerie si on ne sait pas se lever tôt le matin… donc j’aimerais savoir si ce genre de travail permet de vivre décemment sans être obliger de faire 70H/semaine comme certains agriculteurs (autre exemple pas forcément très engageant…).

       

      ps: joker autorisé, tant qu’on ne peut pas être déçu ^^

       

      Je pense qu’avec des réponses à ces questions, même de manière flou (les exemples parlent), ça peut orienter les envies (en + ou en -, on est tous différents) de chacun, et surtout mettre la réalité en face de « ce qui fait rêver », ce serait dommage que certains se lancent tête baissée et se cassent les dents après coup une fois que la dure réalité du travail se montre.

    • #4450
      PierreH
      Maître des clés

      Salut Joachim,

      Je vais tenter de répondre grossièrement à tes questions et sans doute que d’autres membres seront plus compétents et à même de te répondre avec leur expérience en maraichage ou aquaculture.

       

      1/ Je pense qu’avec 500m2 on peut commencer à sortir un petit revenu à condition d’être malin sur ses choix (plantes, mode de distribution, transformation, optimisations, etc)

      2/ Une personne seule peut gérer 500m2. Elle aura largement de quoi s’occuper mais ça ne sera pas impossible(compter au moins 6000 plants dans 500m2 en cas de culture verticale couplée à du DWC).

      3/ En général les maraîchers aiment bosser 70h/semaine. Ils aiment leur vie auprès des plantes et loin de la folie humaine. Après chaque cas est différent donc ça dépendra de tes choix faits en 1/ 🙂

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    • #4454

      Bonjour Joachim,

      Quelques réflexions en plus des infos de Pierre; concernant ta première question, la surface minimale permettant de sortir un salaire dépend beaucoup du modèle économique choisi. On peut choisir de faire uniquement des salades par exemple, avec une production importante qui obligera à passer par un grossiste pour la vente, ce qui implique un prix de vente par salade assez bas. On peut faire le choix d’une production plus diversifiée, vendue sans intermédiaire directement au client final avec un meilleur prix. Le choix entre ces deux modèles (ou un autre) entraîne des conséquences sur l’organisation de la production et son dimensionnement. Aux USA, beaucoup se lancent avec 500m² de serre pour des ventes en direct au particulier; ils écoulent une production diversifiée sur des marchés de producteurs, ils ont souvent le label « organic » mais en général ils s’agrandissent rapidement. Selon moi, il faut envisager de 500 à 1000m² de surface pour démarrer, ce qui doit pouvoir offrir de 350 à 700m² de surface de culture. Le choix des poissons et de leur mise sur le marché est également important…

      Pour travailler seul, selon le modèle choisi, il faut une très bonne organisation. Ca me paraît compliqué sans envisager, au moins pendant une période de l’année, un peu d’aide pour les récoltes et la vente. L’activité connaît presque toujours un pic saisonnier, il vaut mieux s’y préparer. Typiquement, l’hiver présente un creux en chiffre d’affaire mais c’est l’époque des entretiens et maintenances, des améliorations du système, de la préparation de la saison suivante… Il faut prévoir un peu de trésorerie pour passer cette période.

      Concernant la charge de travail, bien intégrer le fait qu’avec les poissons, sauf organisation spécifique, il est difficile de s’absenter longtemps. Les récoltes ont lieu de préférence tôt le matin, et il faut accepter de grosses journées de travail en saison de forte production (beaucoup de semis ET de récoltes ET de vente à assurer). Hors saison, il faut assurer la remise en état ou l’évolution du système de production, la planification et les éventuels démarches commerciales, mais le rythme est moins contraignant.

      J’espère avoir pu t’éclairer un peu,

      Laurent

      Laurent

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